Faiblesses et menaces du livre numérique en bibliothèques au Québec

Tout le monde le sait, je suis un fervent du numérique. Pour moi, le livre numérique offre beaucoup plus d’opportunités que de menaces pour les acteurs actuels du livre, incluant les bibliothèques.

En 2010 quand on parlait de la possibilité d’offrir des livres numériques en bibliothèque au Québec, on parlait souvent de la faiblesse de l’offre des éditeurs québécois. La situation s’est un peu améliorée, mais il existe encore beaucoup de livres qui sont seulement disponibles en version papier.

Je suis très déçu de lire les propos de Michael Elcock, DG de la Writers Union of Canada dans le rapport sur : “Les livres électroniques et le droit de prêt public au Canada” de la Commission du droit de prêt public que voici :

Michael Elcock a déclaré qu’il avait demandé à son éditeur de retenir les droits de ventes numériques à des bibliothèques jusqu’à ce qu’il ait l’assurance que ses intérêts économiques ne seraient pas lésés par les modalités liées à leur disponibilité. Elcock s’est empressé d’affirmer de façon convaincante son soutien général aux bibliothèques et au rôle qu’elles jouent au sein de la société.

La position d’Elcock, conformément à celle adoptée par quelques éditeurs, met en lumière le contrôle accru que le contenu numérique apporte aux amateurs et aux éditeurs. Avec le contenu numérique, pour la première fois dans l’histoire, ils ont la possibilité d’empêcher la disponibilité en bibliothèque de leurs oeuvres et de dicter précisément la façon dont leurs oeuvres sont mises à la disposition des usagers de bibliothèque.

Cette situation n’est pas spécifique à TWUC, comme relevé par Olivier Charbonneau sur CultureLibre.ca, l’avenant au contrat type proposé par l’UNEQ inclut des clauses reliées aux livres numériques et le fait d’en empêcher la vente aux bibliothèques. Une adoption massive de cette pratique par les auteurs est une véritable menace pour une offre de livres numériques en bibliothèque. Dans les faits, si l’auteur ne coche pas les clauses et son éditeur accepte ces conditions dans le contrat, les librairies ne pourront pas vendre la version numérique de ces livres aux bibliothèques.

La situation n’est pas parfaite non plus du côté des bibliothèques. J’ai écho d’un certain enthousiasme des décideurs et des bibliothécaires pour le livre numérique. Cependant, à travers les formations que j’ai données au printemps pour la CBPQ et l’ASTED, j’ai fait réaliser à plusieurs participants que s’ils ne sont pas en mesure d’authentifier à distance (pas dans la bibliothèque) leurs usagers, ils ne pourront pas offrir des livres numériques chronodégradables ou toute autre ressource électronique. Cette question est primordiale pour aller de l’avant.

On a encore du chemin à parcourir avant de voir les livres numériques prendre une place prépondérante dans l’offre de service des bibliothèques publiques au Québec, mais rien n’empêche de commencer à s’assurer d’avoir les conditions pour que ça fonctionne.

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