Les problèmes de jelis.ca

Photo de livre enchaînés.
Retour vers les livres enchaînés d'autrefois?

Mardi, Archambault lançait sa boutique de livres numériques JeLis.ca. Le communiqué annonce une disponibilité initiale de 20 000 livres numériques et affirme être « la première plateforme de ce genre en Amérique du Nord ». Les réactions initiales sont plutôt mitigées. Les commentaires s’attardent pour la plupart sur les prix qui s’apparentent aux versions papier, des formats de fichier offerts et d’une comparaison avec le Kindle d’Amazon. Dominique Papin remarque aussi des problèmes avec l’expérience d’utilisation et le manque d’information sur la façon d’utiliser le service.

Moi j’ai surtout remarqué que la boutique vend des livres qui sont dans le domaine public. On vous demande de payer 7,72$ pour Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas quand ce livre est disponible gratuitement via le Projet Gutenberg.

Les maudits DRM

Le plus gros problème avec JeLis.ca, c’est l’utilisation d’une technologie de DRM. En achetant des fichiers numériques avec DRM, on permet un contrôle externe à l’utilisation de ses documents. L’exemple du Kindle d’Amazon, qui a effacé à distance les livres achetés légalement par les utilisateurs, est encore frais à l’esprit de plusieurs.

Cependant, on n’a pas besoin d’aller très loin pour avoir un autre exemple. Quand Archambault a ouvert sa boutique Zik.ca pour vendre de la musique en format numérique, elle utilisait aussi une technologie de DRM pour les fichiers WMA. Une consultation de la FAQ de Zik.ca nous explique qu’à partir du 15 décembre 2009, ces chansons achetées légalement ne fonctionneront plus. Il conseille de les graver sur des CD sans offrir de les remplacer par des fichiers MP3. C’est complètement absurde!

Si Archambault cesse la vente de livres numériques avec technologie DRM, vont-ils demander d’imprimer votre bibliothèque personnelle avant de fermer l’accès à votre contenu?

L’industrie de la musique a perdu plusieurs années avant de comprendre que le modèle économique derrière la vente de CD ne fonctionnerait plus avec le web. Les éditeurs devront comprendre qu’ils ne vendent plus des livres (objet physique avec du contenu textuel ou visuel), mais du texte numérique qui doit s’arrimer aux modèles économiques du web.

En appliquant une technologie de DRM sur les livres, on en vient à créer de la rareté ou il n’y en a pas. On pousse les consommateurs sur le chemin du piratage plutôt que de lui offrir des alternatives qui respectent sa volonté de consommer des produits culturels. Voici deux extraits du texte sur la réforme du droit d’auteur d’Olivier Chabonneau:

«Les forces économiques qui régissent la culture ne sont pas les mêmes que celles des autres biens de consommation. Produire et vendre des pommes n’est pas comme produire et vendre des livres, des DVD ou de la musique par le simple fait que l’on peut (théoriquement) reproduire à l’infini les oeuvres culturelles. […] Mais généralement, et contrairement aux pommes, plus on consomme de produits culturels, plus on désire en consommer.»

«Contrairement à ce que l’on peut prétendre, plus les oeuvres culturelles sont accessibles, plus les consommateurs vont en consommer.»

Je n’ai qu’un souhait que les gens qui acceptent de consommer via JeLis.ca soient informés des limites que la boutique impose. Qu’ils soient conscients qu’ils payent pour une location prolongée et qu’ils ne seront jamais propriétaires des livres qui se trouvent sur leurs ordinateurs.

La photo provient est de traceyp3031.

15 commentaires sur “Les problèmes de jelis.ca

  1. Personnellement, je ne me sens pas très confortable avec l’idée de ne pas pouvoir par exemple prêter ou revendre un document électronique que j’ai acheté, ou encore en faire une copie privée.
    Par ailleurs, les licences d’utilisation de ces produits ne sont pas toujours totalement explicites. Ex: les normes NEBS de Telcordia pour lesquelles on acquiert des droits d’utilisateurs multiples, mais qui sont après achat verouillées sur un seul poste ! Petit détail que le fournisseur a « oublié » de préciser à l’acquéreur dans les conditions de vente.
    Nous croyons acheter ces produits sous DRM, mais en réalité, les majors et autres fournisseurs de contenus nous les « louent » selon des conditions souvent fixées unilatéralement, et pour les mêmes prix qu’à l’achat …

  2. Merci Joe!
    Je dois admettre que depuis l’écriture de mon billet, la meilleure analogie que j’ai trouvée pour représenter le modèle économique de Jelis.ca serait de dire que Quebecor Media n’a pas choisi la bonne division pour les livres numériques. Il aurait dû placer jelis.ca sous la responsabilité du SuperClub Vidéotron, car c’est de la location et non pas un achat. 🙂

  3. En plus du problème de DRM, je trouve que pour un livre numérique, le prix est un autre problème. Il faut acheter une machine (soit faite spécialement pour lire des livres numériques ou un ordinateur) avant de pouvoir en profiter.
    Et comme la création physique du livre coute relativement rien (et il est certainement possible de récupérer le temps passé à faire la maquette pour l’impression pour faire un livre numérique avec) et que la distribution coûte presque rien aussi, le livre numérique ne devrait pas être aussi cher. Par exemple, le top 1 du palmares sur jelis.ca est plus cher que sur archambault (plus que le double) et à peine moins cher que les compétieurs pour le livre physique.

  4. Tout a fait. Il est difficile de justifier les prix demandés dans la boutique jelis.capour les versions numériques.

    De plus, la boutique jelis.ca vend des livres qui sont dans le domaine public! Pourquoi payer 9,76$ pour La Débâcle de Zola sur jelis.ca quand je peux télécharger l’oeuvre complète de l’auteur via le Projet Gutenberg? Si ces titres sont payants dans une succursale Archambault, c’est que paye pour l’objet physique et le service du magasin. Une copie numérique en ligne n’a aucune valeur à la pièce et n’entraine aucun cout supplémentaire.

  5. Bonjour Patrick, Joe et Ghislain.

    Patrick, nous avons bien lu ton article et les points que tu soulèves sont très intéressants.

    Pour répondre aux questions relatives aux DRM et au prix, je te dirai que le marché du livre numérique est à ses débuts et qu’il faut lui donner davantage de temps pour trouver sa maturation.Voici quelques éléments explicatifs plus bas provenant de la foire à questions sur jelis.ca :
    http://www.jelis.ca/aide_faq_fr.aspx

    Les prix de vente sont fixés dans le respect des règles du marché et en collaboration avec les éditeurs et distributeurs. Les marchés américains et canadiens diffèrent du marché québécois et comportent des éléments et des intervenants qui pressurisent à raison ou à tort les prix.

    Dans certains cas, ils sont à parité avec le prix du livre physique, dans d’autres ils sont légèrement ou largement inférieurs. Les prix des livres numériques francophones, qu’ils soient européens ou québécois, ne répondent pas pour l’instant à des règles de marché qui sont totalement définies.

    Comme il s’agit d’un nouveau format, le marché évoluera rapidement et tant les éditeurs que les distributeurs ou les détaillants tâcheront de l’adapter à la réalité économique québécoise. Pour l’instant, la structure de prix proposée sur Jelis.ca appartient aux éditeurs.

    Archambault s’engage à ouvrir un dialogue actif avec ses partenaires afin de trouver une solution qui convienne à tous les intervenants, de l’auteur au lecteur.

    J’espère que ces éléments vous éclairciront.
    Au plaisir.
    Marie de l’équipe de jelis.ca

  6. À propos des prix de jelis.ca, tout comme pour le livre papier, le libraire numérique ne décide pas du prix de détail suggéré. Des discussions sont en cours avec les éditeurs afin de proposer des prix plus conformes aux attentes du public.
    Ce n’est donc pas à Archambault qu’il faut en vouloir si les prix sont trop élevés.

  7. Bonjour Marie et Christian,

    Je suis entièrement d’accord avec vous. Le gros du travail est de sensibiliser les éditeurs et distributeurs et j’espère que Archambault sera en mesure de placer les intérêts des lecteurs avant les intérêts commerciaux des éditeurs.

    Je crois que l’erreur principale est de continuer à croire que le livre numérique est une simple transposition du livre papier dans un fichier numérique. Ce n’est plus le même produit qui est vendu ici.

    Pour ce qui est des formats de fichiers et du DRM. Je crois que Roberto Rocha du quotidien The Gazette a résumé la réaction qu’auront les consommateurs à leur premier achat.

  8. Mon problème avec le jelis.ca est que pour le moment, la sélection est plutôt mince. Plusieurs livres que j’ai sur ma liste d’achat depuis longtemps ne se retrouvent pas sur le site, si bien que depuis l’achat de mon e-reader de Sony, je n’ai jamais utilisé jelis.ca autrement que pour des recherches menant à aucun résultat.

    Donc depuis que je me promène avec mon lecteur en public et que pleins de gens me posent des questions, bien que je vente le mérite de ces appareils je prends toujours la peine de bien mettre en garde les gens: Si vous ne lisez pas en anglais (et étant situé dans la région de Québec c’est tout de même fréquent), prenez bien le temps de vérifier la sélection disponible sur jelis.ca avant d’investir des centaines de dollards dans l’appareil. Car on s’entends que Monsieur/Madame Tout-le-monde francophones au Québec ne seront pas du genre à vraiment se creuser la tête pour trouver des livres numériques en français autre que sur jelis.ca Car bien honnêtement, si je ne lisais pas en anglais j’aurais revendu mon lecteur.

    Et pour finir, bien que ce ne soit pas un problème spécifique à jelis.ca, je suis fréquemment frustré par la décevante distribution de livre numérique au Canada. Tellement souvent je suis tombé sur des livres sur le ebookstore de Sony disant ‘US Only’. Je sais qu’Amazon souffre du même problème mais pour avoir quelques comparaisons rapides, il semble que la sélection pour les Canadiens soit meilleure sur amazon qu’ailleurs. Si j’avais été un peu plus patient et que j’avais attendu le disponibilité du Kindle au Canada, Sony et Archambault n’aurait pas eu accès à mon argent.

    Cela étant dit, je sais que plusieurs de ces problèmes vont disparaître avec le dévelopement du marché et je suis bien satisfait de voir l’arrivé du livre numérique au Québec!

  9. J’ai lu tous vos commentaires sur le site jelis.ca. Mais en tant que francophones, il faut aller consulter le site de la FNAC en France qui a distribué le E-book Sony un an avant le Québec et où on peut acheter en euros…. sur certains ouvrages, les prix en euros convertis en dollars cdn sont meilleurs que sur jelis.ca.

  10. Merci beaucoup Jocelyne pour cette information. En effet, j’ai moi-même fait l’expérience et remarqué des prix plus bas pour les mêmes livres sur le site web de la FNAC. Je n’ai cependant pas été en mesure de vérifier s’il y a des restrictions sur la vente à l’extérieur de l’Europe.

  11. Mon problème avec le jelis.ca est que pour le moment, la sélection est plutôt mince. Plusieurs livres que j’ai sur ma liste d’achat depuis longtemps ne se retrouvent pas sur le site, si bien que depuis l’achat de mon e-reader de Sony, je n’ai jamais utilisé jelis.ca autrement que pour des recherches menant à aucun résultat.

    Donc depuis que je me promène avec mon lecteur en public et que pleins de gens me posent des questions, bien que je vente le mérite de ces appareils je prends toujours la peine de bien mettre en garde les gens: Si vous ne lisez pas en anglais (et étant situé dans la région de Québec c’est tout de même fréquent), prenez bien le temps de vérifier la sélection disponible sur jelis.ca avant d’investir des centaines de dollards dans l’appareil. Car on s’entends que Monsieur/Madame Tout-le-monde francophones au Québec ne seront pas du genre à vraiment se creuser la tête pour trouver des livres numériques en français autre que sur jelis.ca Car bien honnêtement, si je ne lisais pas en anglais j’aurais revendu mon lecteur.

    Et pour finir, bien que ce ne soit pas un problème spécifique à jelis.ca, je suis fréquemment frustré par la décevante distribution de livre numérique au Canada. Tellement souvent je suis tombé sur des livres sur le ebookstore de Sony disant ‘US Only’. Je sais qu’Amazon souffre du même problème mais pour avoir quelques comparaisons rapides, il semble que la sélection pour les Canadiens soit meilleure sur amazon qu’ailleurs. Si j’avais été un peu plus patient et que j’avais attendu le disponibilité du Kindle au Canada, Sony et Archambault n’aurait pas eu accès à mon argent.

    Cela étant dit, je sais que plusieurs de ces problèmes vont disparaître avec le dévelopement du marché et je suis bien satisfait de voir l’arrivé du livre numérique au Québec!

  12. Merci beaucoup Jocelyne pour cette information. En effet, j’ai moi-même fait l’expérience et remarqué des prix plus bas pour les mêmes livres sur le site web de la FNAC. Je n’ai cependant pas été en mesure de vérifier s’il y a des restrictions sur la vente à l’extérieur de l’Europe.

Laisser un commentaire